Comédien, scénographe et auteur, Frédéric Prévost a grandi dans un environnement familial très éloigné du domaines des arts. Dans son village picard dépourvu d'équipements culturels, seule la fréquentation assidue du Bibliobus nourrit sa curiosité intellectuelle. C'est là que s'origine sa sensibilité artistique : dans les livres.

Un choc esthétique marquera son adolescence : la découverte, lors de leurs diffusions télévisées, de la "La Tétralogie" de Richard Wagner et de "Peer Gynt" d'Henrik Ibsen, mis en scène par Patrice Chéreau. La puissance des oeuvres, le souffle cosmique de la mise en scène, la direction d'acteurs véritablement possédés et enfin la scénographie de Richard Peruzzi... Voilà ce vers quoi il veut s'engager : le spectacle vivant.

"Fais des études sérieuses! Artiste, ce n'est pas un métier!" La sentence paternelle tombe, lapidaire, sans appel : "Tu seras avocat ou journaliste!"A contrecoeur, Frédéric entreprend avec succès des études universitaires "sérieuses" à l'issue desquelles il obtient une maîtrise en droit public (Université de Picardie) et un diplôme du Centre d'Etudes Supérieures de la Communication d'Entreprise (Paris-Tolbiac). S'ensuit un premier poste de chargé de communication dans une société conseil, S.I. sytème interactif. Là, on le missionne à la chaîne TV La Cinq auprès de Jean-Claude Bourret pour les enquêtes télématiques du journal de 13 heures.

Dans cet environnement business, il se sent étranger. Etranger à lui-même.Tandis qu'il co-écrit un livre de management, La Minitel Stratégie, édité par First, il s'inscrit au cours de théâtre du Studio 7, dirigé par Jean-Claude Rousseau. Une rencontre fondatrice, déterminante, presque un cri : "Sur le plateau, je suis vivant!". Une page se tourne.

Un impératif s'impose : "C'est maintenant ou jamais et ce sera sans retour!" Frédéric donne alors sa démission pour se consacrer au théâtre. Avec gourmandise, il enchaîne les formations au jeu de l'acteur : - Studio Alain Debock, avec notamment Vladimir Skorupski et Yves Carlevaris
               - Atelier de l'acteur Robert Cordier - Acting International
               - Acting Workshop de Jack Waltzer (Actor Studio)
Il aborde les techniques Strasberg, Grotowski, Meyerhold, Stanislavsky et se forme au Théâtre Elisabéthain et à l'Acting on camera. Au théâtre Gérard Philippe de Saint Denis, il suit la formation du metteur en scène Marc Paquien consacrée au dramaturge Martin Crimp.

Sa passion pour l'opéra le conduit à prendre des cours de chant. Enzo La Selva et Jean-Philippe Doubrère, de l'Opéra de Paris, le forment pendant plusieurs années à la technique du chant lyrique. Une discipline vocale en amenant une autre, Frédéric se retrouve bientôt derrière un micro à la Radio. Lecteur à France Culture, il travaille pendant dix ans avec Michel Cazenave et Isabelle Yhuel pour les émissions Une vie une oeuvre et Des vivants et des dieux.

Dans le même temps, il continue de réaliser des plans de communication pour des entreprises culturelles telles que des compagnies théâtrales et chorégraphiques. L'une d'elles, La Compagnie Calligramme, dirigée par Boris Jacta et Anne Sultan, l'engage comme comédien et scénographe.
C'est le début d'une collaboration de plusieurs années. Sous une nouvelle appellation, La Compagnie du Manège, ils créent ensemble la pièce Radiograph'. Frédéric y co-réalise la scénographie d'un théâtre d'objets qu'il met en mouvement sur le plateau. Dans la foulée, Anne Sultan lui demande d'incarner sur scène un texte dont elle et l'auteur : Adagio maladie. Une première version donne lieu à des lectures publiques. Le projet s'étoffe et devient une pièce de théâtre qu'il interprète d'abord seul, puis avec la comédienne France Hervé sous la forme d'un monologue pour deux corps.

Comédien pour la Compagnie Les Héritiers, il collabore également à plusieurs performances in-situ de la compagnie de théâtre chorégraphique franco-néozélandaise Under Lili's Balcony Theatre. Sur scène, on a aussi pu le voir dans La sérénade de Mrozek, Hedayat de Behi Djanati Ataï,  Le partage de midi de Paul Claudel, Le théâtre ambulant Chopalovitch de Lioubomir Simovitch, Peinture sur bois d'Ingmar Bergman.

Au cinéma, il a joué dans les films Mousso de Chek N'Diaye et La saison des radis de Jean-Christophe Thomas.

Féru de littérature, lecteur jamais rassasié, Frédéric Prévost est aussi l'auteur d'un roman intitulé Physionomies de la cruauté. Ecrire. pour lui, c'est la quadrature du cercle : l'enfant imaginatif, la tête pleine d'aspirations de prime abord inaccessibles, transmet à l'adulte en révolte l'utopie longtemps muette devenue libre nécessité.

Point de rencontre et d'équilibre entre la création littéraire, le théâtre et l'opéra, il  crée, met en scène et interprète en compagnie d'une chanteuse lyrique, la mezzo-soprano Cécile Tavernier, Les chants du marcheur de nuit, librement inspiré du Zarathoustra de Nietzsche.

Comédien? Auteur? Scénographe? Metteur en scène? Ténor? Baryton? Frédéric Prévost défend sa polyvalence jusqu'à dépasser des contours mêmes des arts du spectacle. À la demande de particuliers, il a conçu et mis en oeuvre la décoration d'appartements, une activité pensée comme un prolongement de la scénographie théâtrale.